Un gros problème a surgi dans notre vie bien tranquille d’Occidentaux replets. Les féministes professionnelles toujours prêtes à se lever contre les inégalités sexuelles n’ont pas manqué de souligner cette profonde injustice qui fait que les produits cosmétiques destinés aux femmes ont un coût plus élevé que ceux destinés aux hommes. Quel scandale !
Voilà qui me remet en mémoire un poème que j’avais écrit il y a quelques années et qui n’est pas seulement et en dépit des apparences un poème érotico-humoristique.
À vous de juger !
P R O M E N E U S E
Toi
qui promènes
de rues en rues,
de nuit en nuit,
ta peau blanche et ton stérilet,
ta poitrine bien dessinée
par Michel-Ange
ou par le diable,
toi
qui trimbales
de ville en ville,
de jour en jour,
ton parfum et ton rouge à lèvres,
ta taille si bien affinée
par le masseur
ou par son frère.
par son frère,
toi
qui balades
de piaule en piaule,
de mains en mains,
tes fins collants et tes bottines,
tes cuisses bien trop satinées
par le vibro
ou le masseur,
toi,
qui coltines
de lit en lit,
de mec en mec,
ton balconnet et ton panty,
ton joli sexe enfariné
par les bons soins
du gynéco,
pense un peu à tes sœurs,
là-bas,
là-bas dans les provinces
noires.
à toutes celles qu'on excise,
à toutes celles qu'on violente,
à toutes celles qu'on engrosse,
à toutes celles qu'on... rejette.
Penses-tu quelquefois
à toutes celles-là
qu'on déflore sans égards aussitôt que pubères,
qui ont fini leurs vies quand tu commences à vivre
qui ne savent l'amour si tu as mille amants ?
Penses-tu quelquefois
à leur sexe abîmé par le mâle impatient,
à leurs hanches gauchies de grossesse en grossesse,
à leurs seins crevassés à coups de lactations,
à leurs cuisses flétries qui s'écartent sans joie ?
Toi
qui promènes
de nuit en nuit,
de mec en mec,
ta peau blanche et tes fins collants,
tes cuisses rondes et leur satin,
tes jolis seins et leur parfum,
ton sexe libre et ses caprices,
écoute le silence de tes sœurs,
là-bas,
là-bas dans les provinces
noires.
Yves-Fred BOISSET